Trafic automobile automatisé, transports volants, voitures connectées, Luc Besson serait-il un visionnaire avec sa conception du New York du futur dans le 5ème élément ? Les villes de demain seront intelligentes, mais qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Smart ? Qu’est-ce que l’intelligence?
Aujourd’hui, on voit fleurir le mot « smart » accolé à une variété de concepts mais il est parfois difficile de cerner les implications de cet adjectif anglais pour « intelligent », «malin».
Prenons l’exemple le plus connu, le smartphone. Un téléphone classique est créé pour une fonction simple, passer et recevoir des appels. Il fait le travail à la demande de l’utilisateur, fin de l’histoire. Un smartphone, téléphone intelligent quant à lui, est connecté à internet et permet d’interagir avec votre environnement. Vous recevez une alerte en cas de mauvais temps, êtes notifiés de vos rendez-vous ou encore accédez à des contenus adaptés à votre géolocalisation. L’aspect intelligent du téléphone apporte non seulement une innovation en termes de possibilités mais surtout une interaction entre l’outil, son utilisateur et son environnement.
Comment une ville peut-elle être intelligente ?
De la même manière, on pourrait résumer la ville intelligente à une ville conçue et organisée de manière à interagir avec ses habitants et l’environnement dans lequel elle se trouve. Cela consiste à mettre en place des systèmes qui captent et enregistrent des informations extérieures, comme l’état du trafic, le taux de pollution ou la consommation énergétique par exemple. Ces données sont alors interprétées de manières informatiques et déclenchent des réponses automatiques et adaptées. Les différentes ressources et réseaux de la ville sont ainsi optimisés.
Un concept qui n’a rien de nouveau…
Outre la littérature de science-fiction, l’idée de la ville intelligente n’a rien de nouveau. Si l’on voulait jouer sur les mots, on pourrait dire que le concept de ville intelligente a débuté en 1868 avec les premiers feux de signalisations, un moyen de réguler automatiquement la circulation automobile dans la ville. Un siècle plus tard, dans les années 1990, l’urbaniste français Gabriel Dupuy parlait d’ « informatisation des villes » à l’heure où Stockholm développait un réseau universel de fibre optique. Il faut attendre 2005 pour que l’appellation « smart city » voit le jour dans la campagne du président américain de l’époque Bill Clinton, 2 ans après le lancement du projet de la ville ubiquitaire U-Korea, en Corée du Sud, qui concevait la première ville intelligente moderne à Songdo. Le concept a par la suite explosé depuis le début des années 2010, les grandes villes du monde entier travaillant à faire face aux nouveaux défis urbains.
… mais de nouveaux enjeux
Pourquoi développer des villes intelligentes ? C’est tout simplement la réponse logique pour faire face aux nouveaux enjeux rencontrés par les villes en faisant usage des dernières avancées technologiques à disposition. Ces enjeux sont multiples :
- Démographiques : d’après l’ONU, le pourcentage de la population mondiale vivant en milieu urbain devrait passer d’environ 50 à 70% d’ici 2050, ce qui impactera considérablement le fonctionnement des villes
- Logistiques : une population plus dense signifie plus d’automobiles, un réseau de transports en commun plus grand et donc un trafic plus important à gérer
- Énergétiques : les ressources énergétiques dans les villes sont en constante augmentation de par l’accroissement de la population et l’avancé des technologies
- Écologiques : pour alimenter les villes les énergies fossiles se font rares et le développement de solutions durables comme les énergies renouvelables est devenu une nécessité
- Numériques : le numérique est devenu omniprésent et les villes doivent s’adapter pour offrir le meilleur confort de vie à ses citoyens. Surtout, ces technologies offrent un vaste champ de possibilités pour mieux gérer les villes
Domaines d’action
Les enjeux étant variés, les domaines d’actions le sont d’autant plus. La ville intelligente est encore à inventer et il n’y a pas de limites. Parmi les domaines d’actions possibles on retrouve souvent :
- Gestion du réseau électrique avec le concept de smart grid
- Production locale d’énergies renouvelables
- Réseaux et infrastructures télécom
- Gestion de l’eau
- Traitement de déchets
- Mobilité : transports en communs, stationnements, gestion de la circulation
- Développement économique
- Administration de la ville
- Environnement, écologie et agro-alimentaire
- Intégration des NTIC dans la vie urbaine
- Qualité de vie des citoyens
Pour tous ces aspects et bien d’autres, l’idée est de concevoir des systèmes qui permettent de mieux partager et d’optimiser les ressources et de s’adapter en temps réel aux changements, le tout de manière automatisée.
La collaboration au cœur de la ville
Les nombreux domaines concernés par le développement de villes intelligentes font appellent à des compétences variées. Leur mise en place fait appel à l’innovation et à la créativité, les possibilités en sont donc infinies. Les solutions ne peuvent être que le fruit de collaboration entre des acteurs différents : secteurs publics et privés, entreprises de toute taille, entrepreneurs, chercheurs, étudiants, artistes. L’innovation ouverte est le pilier du travail de recherche et de développement de la ville intelligente.
Cette ouverture ne s’arrête pas qu’aux professionnels. La ville intelligente s’organise pour les citoyens mais aussi par eux. Le citoyen tient le rôle central de la ville intelligente où il peut s’exprimer, partager ses idées et contribuer à son amélioration constante.
Attention à l’effet Big Brother
Le marché de l’innovation actuel laisse déjà entrevoir que les NTIC et notamment les objets connectés seront partie intégrante de la ville de demain. Entre autre par la présence de capteurs (réseaux électriques ou trafic routier par exemple), de nombreuses données seront collectées, également sur les citoyens. Outre le problème de traitement d’un tel volume d’information (big data), il sera essentiel pour les villes de jouer la carte de la transparence envers ses citoyens.
Les villes intelligentes à travers le monde
Concrètement, où en est cette idée de ville intelligente ? De nombreuses villes à travers le monde développent des projets smart city depuis ces dernières années. Il y a autant de définitions de la ville intelligente qu’il y a de villes. Bien que les enjeux urbains soient planétaires, les problématiques diffèrent pour chaque ville et sont façonnées par les habitudes de vie et la culture de leurs citoyens.
Par conséquent, suivant les enquêtes, les classements diffèrent, mais tous y font côtoyer des grandes métropoles au côté de plus petites zones urbaines. On retrouve néanmoins au niveau mondial : New York, Londres, Barcelone, Nice ou encore Singapour. Pour la France, Nice est secondée par des villes d’ampleur variée, de Paris à Besançon en passant par Lyon, Lille et Nantes. Côté Canada, ce sont les grandes villes qui dominent avec Toronto, Vancouver et Montréal.
Quelques exemples concrets
La ville intelligente expliquée par Schneider Electrics dans cette vidéo, illustrée d’exemples de projets menés avec 4 villes européennes.
Lyon explique son projet de ville intelligente dans une animation.
Envie de voir à quoi pourrait ressembler le Paris futuriste de 2050 ? L’architecte Vincent Callebaut en a soumis la proposition à la mairie de Paris.
Le projet ambitieux de Montréal de devenir un chef de file mondial de la ville intelligente d’ici 2017.
Pour en savoir plus
Des salons en France en 2015 : Innovative City les 24 et 25 juin à Nice, Smartgrid+Smartcity les 7 et 8 octobre et le forum Smart City de La Tribune les 26 et 27 novembre à Paris.
Un peu de lecture : Smart City d’Antoine Picon, docteur français en histoire de l’architecture et en technologies à Harvard (ebook gratuit)