Avec l’essor des technologies de l’information l’univers des jeux sérieux se rapproche toujours plus de la réalité et traite de sujet de plus en plus vastes. Qu’entend-on par jeux sérieux? Dans quels domaines sont-ils utilisés? Quels sont leurs objectifs?
Vous avez dit jeu sérieux?
L’oxymore jeu sérieux (serious game) fait référence au jeu dont l’objectif premier n’est pas le simple divertissement. Le jeu sérieux est ainsi à mi-chemin entre le jeu vidéo et l’application utilitaire, il combine une dimension sérieuse, dans la mesure où il a un objectif d’information, d’apprentissage ou encore de thérapie, avec une dimension ludique puisqu’ il emploie le divertissement comme manière d’atteindre cet objectif.
Quels objectifs?
Les universitaires Julien Alvarez et Damien Djaouti classent les jeux sérieux en cinq grandes catégories :
- Ludo-Éducatifs (Edugames/ Edutainment games) qui ont pour vocation d’éduquer.
- Engagés (Political games) qui stigmatisent les problèmes d’ordre politique, géopolitique ou encore environnemental. Pour cela les règles classiques des jeux connus peuvent être détournées, par exemple en ne donnant pas au joueur la possibilité de gagner ou en modifiant les graphismes.
- Les jeux publicitaires (Advergame) qui est un outil marketing pour faire la promotion d’une marque.
- Les Edumarket games ont pour objectif d’éduquer un segment spécifique sur un marché donné. C’est un outil de communication qui incorpore une dimension pédagogue.
- Les jeux d’entraînement et simulation (Exergame) qui permettent de former l’utilisateur en reproduisant une mise en situation réelle dans un monde virtuel.
Deux autres grandes catégories sont également recensées. Il s’agit des jeux sérieux :
- D’informations (Newsgame) qui veulent faciliter la compréhension de l’actualité.
- De santés qui permettent d’accompagner les patients et leurs proches mais aussi de sensibiliser la population à certaines maladies.
Et dans la pratique?
Voici quelques exemples concrets de jeux sérieux :
America’s Army, sorti en 2002, est l’un des premiers jeux sérieux utilisé par le grand public. Construit en jeu de tir à la première personne ou FPS (de l’anglais first-person shooter), il permet au joueur d’explorer virtuellement les opportunités qu’offre l’armée américaine. Il est accessible gratuitement en ligne. Il a été financé par le gouvernement américain son objectif étant d’inciter les jeunes américains à s’enrôler dans les forces armées des États-Unis.
X-Plane , sorti pour la première fois en 1993 et dont la dernière version a été mis à jour en 2015, est un simulateur de vol qui peut être utilisé par des amateurs ou des professionnels. La FAA (Administration Fédérale de l’Aviation américaine) a accrédité ce logiciel pour la formation des pilotes lorsqu’il est utilisé en accompagnement d’autres matériels par exemple pour l’entraînement en vol à vue ou en vol aux instruments (lorsque la visibilité est réduite).
Food force , sorti en 2005 et initié par le programme alimentaire mondial de l’ONU, sensibilise les enfants au problème de la faim dans le monde. Le joueur est sur une île fictive de l’Océan Indien et doit réussir à nourrir le plus de personnes possibles dans un climat de guerre et avec un budget restreint. Il s’adresse aux 8-13 ans.
Phylo est un jeu crée en 2010 par l’université McGill de Montréal afin de contribuer à la recherche sur les maladies génétiques. Le joueur résoutdes problèmes de séquencement difficiles à traiter de façon algorithmique, pour cela il doit reconnaître et associer des formes et des couleurs.
Re-Mission, sorti en 2013, est une plateforme pour aider les malades atteint du cancer à mieux connaître la maladie. Cette meilleure connaissance permettrait d’avoir le sentiment de pouvoir mieux la gérer. De plus, le fait de pouvoir suivre la progression de sa maladie encouragerait le joueur à suivre son traitement plus efficacement. De même, Théo et les psorianautes, développé par France Psoriasis et Interaction Healthcare avec les conseils du Dr Emmamuel Mahé, est un jeu éducatif à destination des enfants atteints de psoriasis. Celui ci aide à obtenir l’implication des enfants et à prendre en compte la dimension psychologique de la maladie.
Quel avenir?
La ludification (gamification en anglais) est donc de plus en plus utilisée. En effet, ce processus qui consiste à appliquer les mécanismes du jeu à d’autres domaines est en plein essor, en particulier pour les situations d’apprentissage ou les situations de travail. Cette ludification permet d’augmenter, grâce au divertissement, l’acceptabilité et l’usage d’applications auquel l’homme n’est pas enclin. Ainsi, de plus en plus d’entreprises font appel aux jeux sérieux pour les formations. Même si l’étude menée par Traci Sitzmann a montré que les formations réalisées grâce aux jeux sérieux permettaient de générer un niveau de confiance 20% plus élevé et d’accumuler 9% de connaissance en plus que lors de formations classiques, ils restent encore difficiles d’accès, notamment à cause de leur coût élevé. Enfin, certaines formations ne peuvent pas seulement être réalisées virtuellement notamment dans le domaine de la santé. Toutefois avec les avancées technologiques, notamment en réalité augmentée, les jeux sérieux ne cessent d’avoir de nouvelles utilités et sont accessibles sur de nombreux supports (ordinateur, smartphone, tablette…). De plus, avec l’essor des objets connectés, les jeux sérieux s’adaptent toujours plus à nos besoins et pourront bientôt devenir de véritable coach nous accompagnant dans notre développement professionnel mais aussi personnel.
Pour en savoir plus
Ludoscience recense des réflexions et des études sur les jeux sérieux
serious-game.fr présente toutes les nouveautés concernant les jeux sérieux
interaction-healthcare spécialiste en jeux sérieux dans le domaine de la santé et donne également des web conférences concernant les avancées principalement dans le domaine de la santé
Sources
Introduction au Serious Game, Questions théoriques, Julian Alvarez et Damien Djaouti, 2010, p. 22 à 29