On parle souvent d’ouverture d’esprit pour élargir ses horizons et découvrir des choses que l’on n’aurait même pas soupçonné en restant fermé.

L’innovation ouverte est à l’entreprise ce que l’ouverture d’esprit est à l’humain. Mais concrètement qu’est-ce que cela signifie ?

Une définition simple

L’innovation ouverte consiste à travailler avec des collaborateurs externes à l’entreprise dans le but de développer ou améliorer un projet. Cette démarche permet d’accueillir de nouvelles idées et de nouveaux savoir-faire. Isabelle Deschamps de l’École de Technologie Supérieure de Montréal (ETS) le résume bien : «Si on voulait caricaturer, on pourrait dire que le concept d’innovation ouverte repose sur un principe très simple : tu ne peux pas être bon dans tout»[1].

Un problème ? Des solutions !

La démarche d’innovation ouverte est en général un processus de résolution de problème avant tout. L’idée est d’appeler plusieurs acteurs à se pencher sur une problématique pour trouver les meilleures solutions. Pour se faire, plusieurs tactiques, de l’organisation de concours avec gain financier à la clé (comme les Grands Prix de la NASA[2]) aux recherches structurées en collaboration avec des laboratoires, centres de recherches ou université, ou encore la recherche de partenaires via des plateformes spécialisées.

Le crowdsourcing

Le grand public peut également être une source d’idées pour certains domaines. On en vient alors aux campagnes de crowdsourcing qui consiste à inviter le grand public à partager leur créativité et savoir-faire sur un sujet donnée, généralement grâce à internet. Un exemple concret de crowdsourcing est l’initiative Yourail de Bombardier pour laquelle constructeur ferroviaire invitait les internautes à faire part de leur vision de l’intérieur des trains de demain. On retrouve ici également l’idée de concours, Yourail se soldait par la sélection d’un gagnant pour le concourt du meilleur design.

Pourquoi recourir à l’innovation ouverte ?

Pour rester compétitif, il faut innover sans cesse, cela n’a rien de nouveau. Cette réalité est devenue un enjeu d’autant plus important avec l’émergence de nouveaux concurrents, d’abord avec les pays asiatiques et maintenant avec les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). L’avènement du web2.0 a également accéléré les défis, que ce soit avec les réseaux sociaux, le web sémantique ou le concept d’open data.

En ayant recourt à l’innovation ouverte, on élargit son panel de compétence en bénéficiant de l’expertise d’acteurs externes. Ainsi l’entreprise peut rester à la pointe des avancées de son domaine et combler ses lacunes2.

Enfin, un avantage de l’innovation ouverte est la mutualisation des risques. En temps de crise financière et de coupes budgétaires qui impactent bien souvent la R&D, l’innovation ouverte permet d’économiser sur les dépenses en ressources humaines et de distribuer les risques financiers avec les partenaires2.

Avec qui collaborer ?

L’innovation ouverte s’applique aussi bien aux domaines privés que publics et ne connait pas de frontière.

L’ouverture de l’innovation ouverte est telle qu’on peut collaborer avec n’importe qui dès lors qu’une expertise est apportée à l’entreprise. Outre l’évidence de collaborer avec d’autres entreprises privées (de la PME au grand groupe multinational), on retrouve également comme partenaires :

  • Des laboratoires, centres de recherches et universités, privées ou publiques
  • Les consommateurs, le grand public (comme précédemment mentionné avec le crowdsourcing)
  • Des villes, régions et États
  • Des agences gouvernementales

Selon une étude du gouvernement canadien réalisée en 2012[3], souvent les PME « souffrent de l’incapacité de recenser des partenaires compétents, d’établir des accords de collaboration et d’acquérir des connaissances tacites ». C’est là qu’il peut être pertinent de recourir à des plateformes d’innovation pour entrer en contact avec des partenaires potentiels.

Et la propriété intellectuelle dans tout ça ?

Le travail collaboratif est enrichissant, et nous avons vu qu’avec l’innovation ouverte les dépenses et retombées sont mutualisées. Mais qu’en est-il de la propriété intellectuelle, qui en détient les droits ? D’après la même étude, il est primordial que « le partage des droits de propriété intellectuelle [soit] minutieusement négocié et documenté ». Comme pour tout contrat, il convient de faire attention à cet aspect dès le début de la collaboration. Cette même étude présente quelques cas pratique :

  • La recherche commandité, effectuée par un laboratoire mais dont l’entreprise détient la propriété intellectuelle du résultat
  • La coentreprise, avec détention conjointe de la propriété intellectuelle
  • La veille d’invention qui pousse l’entreprise à acheter une propriété intellectuelle ou une licence d’utilisation
  • Dans le cas des plus petites structures qui veulent collaborer avec de grands groupes elles peuvent céder tout ou partie des droits de propriété intellectuelle au grand groupe en échange de droits d’accès garantis.

Le Québec, la France et l’innovation ouverte

Que ce soit d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, l’innovation ouverte est un potentiel encore largement peu exploité. Pourtant ces dernières années ont déjà pu démontrer le potentiel d’un travail collaboratif dès lors que les partenariats sont de qualité.

Dans le cadre d’un travail avec des laboratoires de recherches, l’étude mentionnée plus haut souligne l’importance d’entretenir de relations personnelles avec ses collaborateurs. « Sans relations constructives, peu de collaborations iront de l’avant. »

Pour aller plus loin sur le sujet

Un article : Les affaires

Des success stories : Lego et Bombardier

Des ouvrages : Open Innovation de Martin Duval, Klaus-Peter Speidel en français, A Guide to Open Innovation and Crowdsourcing par Paul Sloane en anglais

Sources et références

[1] http://www.etsmtl.ca/nouvelles/2013/Innovation-ouverte-101

[2] http://www.industrie-techno.com/comment-la-nasa-mise-sur-l-open-innovation-et-pourquoi-vous-devriez-vous-aussi-y-penser.36961

[3] http://www.ic.gc.ca/eic/site/061.nsf/fra/rd02186.html